Bonjour !
La France et la nostalgie du Franc
Alors que l’Euro connait les affres d’une crise sans fin, les Français sont tout près de regretter un peu plus « le temps béni » où le Franc dominait nos portes monnaies. Après dix ans d’absence
du Franc, revenons un peu sur la monnaie préférée des Français.
Lorsque le Franc succombe sous la logique de l’Euro, les Français impassibles et impuissants voyaient leur monnaie nationale effacée, reléguée dans les livres d’histoire. La polémique autour du
Franc avait fédéré ici ou là, avait divisé ailleurs, personne ne pouvait se trouver sans avis, et beaucoup déjà regrettaient la mort du Franc. Certes le Franc n’avait pas disparu subitement, il
restait encore pour quelques temps sur les étiquettes des marchandises dans les magasins afin d’éclairer les acheteurs sur le prix de ce qu’ils achetaient… Et puis il nous restait à tous quelques
pièces au fond d’une boite où quelques grand-mères ou grandes tantes pour nous faire sourire avec les anciens et les nouveaux francs…
Le temps passe, l’Euro a fait son chemin, il a, il faut bien le dire, révolutionné notre vie du moins celle de certains d’entre nous. Je dis certain en pensant aux bons côtés de l’Euro pour ceux
ayant la chance ou les moyens de se promener à travers le Monde, ou plutôt l’Europe, soudainement l’Euro nous évitaient les changes, les commissions, soudainement l’Euro nous ouvrait une
certainement liberté. Pourtant lorsqu’un jour que je signais un chèque, lui aussi d’ailleurs bientôt dans la tombe, une vendeuse scrupuleuse me faisait remarquer qu’il fallait rédiger « cents »
et non « centimes »… et je lui répondais assez fièrement que personne ne m’empêcherait d’utiliser une dernière trace de notre Franc national « sous l’occupation de l’Euro ».
Car enfin, depuis son arrivée, mis à part les classes moyennes et aisées qui peuvent voyager, qu’est-ce que l’Euro nous a apporté ? J’ai l’impression que nos parents achetèrent du temps de notre
Franc des maisons ou des appartements avec des taux de crédits autrement plus fort que ceux que nous avons connu par la suite après l’arrivée de l’Euro, 3,5 à 4 % au lieu des 10 ou 12, 15 % même
des décennies précédentes ? Mais peut-on rapprocher ce progrès à l’Euro et à sa force supposée ? A mon petit niveau du Français moyen, je me suis surtout attaché à regarder ce qui avait changé
pour moi, dans les choses que j’aimais… Chineur invétéré et grands amateurs de vieux papiers, je ne pouvais que constater le désastre de l’arrivée de l’Euro.
Ainsi avant l’année 2000, je pouvais dégotter une carte postale ou un document postal pour cinquante centimes, 1 ou 2 francs sans trop de difficultés... et puis quelques années plus tard, rien
que 2 ou 3 années plus tard, soudainement, le prix était passé à 50 centimes… d’Euro, 1 euro, 2 euros ! Fabuleusement augmentation, vertigineuse même que j’ai eu comme vous tous, le malheur de
remarquer pas seulement dans les allées des brocantes de France et de Navarre. Les propagandistes d’un camp ou de l’autre se sont depuis échinés à nous prouver que décidemment non l’Euro n’avait
été qu’un leurre que nous avions payé au prix fort, tandis que d’autres nous indiquaient que les statistiques des premiers n’étaient que des mensonges et que l’Euro nous avait sauvé d’une
catastrophe économique certaine…
Qui croire donc dans ce labyrinthe, probablement comme toujours les uns et les autres, c’est-à-dire que la crise actuelle serait une catastrophe bien plus profonde et saignante si nous possédions
encore le Franc, mais que nous avons de fait déjà payé cent fois le prix de ce sauvetage ? A qui en fait l’Euro a-t-il profité, et pourquoi en Europe, dans l’Union Européenne, des nations comme
la perfide Albion se sont refusés à son adoption et ne se portent pas plus mal que les autres ? En renonçant à notre Franc nous avons renoncé à un pan entier de notre indépendance et de notre
identité, mais se faisant nous avons cru en un projet novateur et fédérateur pour le futur, nous avons cru de bon gré ou non à l’Europe des marchands, à l’Europe de la circulation libre, des
hommes et des marchandises.
Sans attendre, cette Europe ambitieuse, et malgré l’absence remarquée des irascibles insulaires de Grande-Bretagne, a cherché à s’emballer dans un projet politique, s’engouffrant dans la brèche
de la fin du bloc soviétique pour se trouver aux portes de la Russie. Nous avons applaudis béatement à ces succès, en avalant les couleuvres financières qui nous étaient présentés par nos
dirigeants. Le retour au Franc est un rêve utopiste, mais il ne doit pas oublier de faire réfléchir les Français sur la pertinence de l’Europe, de l’Euro. En tant que personne je suis Européen,
et partisan d’une Europe fédérale sur un modèle de confédération, qui garantirait les identités et les intérêts de chacun, ce que les Britanniques de fait appliquent à la lettre.
Le Franc est mort, Vive le Franc ! Espérons que les calculs financiers des banquiers de l’Europe et d’Outre-Atlantique ne nous conduirons pas à regretter encore un peu plus le temps du Franc, la
monnaie de la France à l’heure où les nuages s’amoncellent au-dessus du pays et surtout de quelques-uns de ces voisins. Espérons également que nous n’aurons pas à regretter le défaut de
Démocratie, les référendums ont déjà prouvés dans de nombreux pays que la monnaie européenne était loin d’être populaire et que si l’avis avait été demandé aux Français il est moins sûr que nous
aurions actuellement des Euros dans notre poche.
Alors oui quelques spécialistes financiers viendront toujours nous dire que les banques ont besoin de prendre dans notre portemonnaie pour pouvoir nous prêter de quoi nous payer à crédit le
dernier gadget high-tech ou la maisonnette de nos rêves. Sommes-nous véritablement plus heureux à entasser dans nos habitations toutes ses choses ? Sommes-nous plus intelligent parce que nous
pourrons aligner dans un garage, un, deux ou trois modèles de voitures rutilantes ? A qui au final l’opération Euro aura-t-elle le plus profité ? Je ne suis pas certain que les Français ont été
ceux qui ont bénéficié en réalité du passage à l’Euro, et je ne m’avancerais pas à dire comme certain qu’au contraire l’Euro nous a sauvé.
Et sauvé de quoi ? Qui au bout d’un chemin que nous n’empruntons jamais a pu se féliciter d’un confort monétaire finalement bien mince ? Certes, les entreprises, les marchands, les négociants,
les spéculateurs ont des facilités désormais de régler dans une monnaie unique et d’acheter peut-être encore plus à vil prix. L’Europe des Nations de l’Europe de l’Ouest avait une cohérence,
l’apparition de l’Euro pouvait se justifier, mais dans une Europe élargie, cette cohérence s’est noyée. Il n’y a pas en Europe de cohérence politique qui pourrait garantir à ce que le groupe
Europe suive les mêmes règles. Il n’y a de garantie que ses traités qui ne sont que du papier brouillon, une déclaration d’intention qui est rarement en corrélation avec la réalité seront
respectés. Cette réalité cela a été la mort du Franc. Avions-nous raison de construction une Europe des marchands, plutôt qu’une Europe confédérée ? Avions-nous raison de privilégier les profits
immenses de quelques-uns et d’oublier les hommes, d’oublier au fond les Français ?
La question reste posée, et si nous ne pouvons revenir en arrière, les Français devraient réellement se souvenir qu’ils ont le droit et le pouvoir d’exiger que la tête de l’Etat s’occupe
réellement de nos problèmes et non pas du décompte marchand des petits et gros bénéfices des mercantis de diverses couleurs, d’au-delà de la Manche ou de l’Atlantique. Etre ouvert au Monde est
une nécessité, lui livrer l’essence même de la Nation française, nous priver des leviers pour être indépendant est à mon avis une folie que nous aurons à regretter, il n’y a pas, plus, en France
de politique visionnaire qui pourrait nous projeter dans le temps plus loin qu’un pauvre mandat présidentiel, et encore ! Les Francs ont perdu le Franc, souhaitons qu’ils n’y perdent pas leurs
âmes.
Lien : http://french.ruvr.ru/2012_08_04/France-Euro-monnaie-franc/
Voir aussi : http://chiron.over-blog.org/article-le-franc-fran-ais-2002-2012-108617338.html
Chiron