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Le dialogue des écrivains russes et français à travers le XXe siècle
Dans le cadre de l'Année Croisée « la France-la Russie », s'est ouverte une exposition consacrée au dialogue des écrivains russes et français au XX siècle. La nouvelle exposition s'est installée dans le Musée Littéraire d'État à Moscou. Ici, on a réuni pour la première fois des manuscrits uniques, des lettres, des livres et des photos qui parlent de l'entrelacement des destins des auteurs russes et français. Chaque document de l'exposition est un témoignage de quelques faits ou de sujets intéressants, explique le chef du projet Eugénie Varentsova. Ainsi, par exemple, le sujet de l'émigration prérévolutionnaire est montré à travers le destin du poète russe Marc Talov, mieux connu en France, qu'en Russie.
Il se fait qu'en 1914, Talov s'est trouvé en France en situation illégale. En vérité, il s’est enfui là-bas pour éviter le service militaire obligatoire, à la suite de la 1e guerre mondiale. Il partageait des idées pacifistes et il est parti pour Paris, où il s'est retrouvé sans documents, sans argent, sans connaissance des langues étrangères et sans formation. Heureusement, il est devenu un des proches dans les milieux de ceux qui fréquentaient "la Rotonde" – le café où venaient Pablo Picasso, Ilya Ehrenbourg, Amedeo Modigliani, Alexeï Tolstoï.
C’est en France que Marc Talov devient un poète connu et un interprète brillant franco-russe, espagnol-russe et anglo-russe… Ses traductions des vers de Stéphane Mallarmé étaient hautement appréciées par Ossip Mandelstam et Andreï Tarkovski. En 1923, Marc Talov est revenu en Union Soviétique mais là, il n’a pas connu un meilleur sort… Pendant presqu’un demi-siècle de sa vie "soviétique", il n’a réussi à faire publier qu’un seul poème – dans le recueil «le Jour de la poésie», - raconte Eugénie Varentsova.
Elle remarque que les archives de Marc Talov que le Musée Littéraire a reçues de la part des proches du poète, sont exposées pour la première fois.
Un autre sujet de l'exposition – ce sont les liens littéraires pendant les années de la Guerre Civile, raconte Elena Pogorelskaja, curateur de l'exposition.
Au beau milieu de la Guerre Civile, Valery Bryussov s’occupe de la publication des œuvres de Victor Hugo. Ici, sont présentées les lettres adressées au Conseil de rédaction de la maison d'édition «Littérature Mondiale », où l'écrivain russe parle de la signification littéraire et publique de Victor Hugo pour le lecteur russe, et raisonne comment il vaut mieux publier ses œuvres complètes, - raconte Elena Pogorelskaja.
Cependant, malgré les événements historiques, au milieu des années 20, les échanges littéraires se prolongent, - dit le curateur de l'exposition.
Au milieu des années 20, dans la Russie postrévolutionnaire, ont paru en russe les œuvres de Guy de Maupassant sous la rédaction d'Isaak Babel . Isaak Babel a traduit lui-même trois de ses récits – "Une Idylle", " L’Aveu" et «la Maladie d’André». Ici, on montre pour la première fois les documents liés à l'édition de ce livre en trois volumes, ainsi que les lettres d'Isaak Babel à Moscou, alors qu’il vivait à cette époque-là en France.
Les années 30, dit Elena Pogorelskaja, sont devenues l’époque du renforcement des liens littéraires. Certes, en Union Soviétique, on invite ceux qui partagent les idées de sa direction. Parmi les admis, il y a Henri Barbusse et André Malraux. Mais André Gide, après la parution de son «Retour de l’URSS» est devenu une persona non grata.
Certes, une conversation sur Paris est impossible sans que l’on mentionne Vladimir Maïakovski. Il est venu là sept fois. À l'exposition, on voit ses autographes et ses notes, ainsi que le livret "Paris", où Maïakovski exprime le sentiment commun des hommes de lettres russes de l'amour pour Paris : «Je voudrais vivre et mourir à Paris, s'il n'y avait pas de ce lieu - Moscou».
Le sujet des voyages des écrivains français en Russie et des écrivains soviétiques en France dans les années 1950-1960 termine l'exposition. Il faut absolument parler de l'affiche unique de la soirée poétique à Paris avec la participation des meilleurs poètes russes en 1965, organisée en l'honneur de la publication en France de «l’Anthologie de la poésie russe du XVIII siècle jusqu’à nos jours» sous la rédaction d’Elsa Triolet. Peut-être, cette publication confirme-t-elle le mieux possible, à quel point l'interpénétration des deux cultures pendant cette époque, dure pour l'histoire russe, était forte.
Lien : http://french.ruvr.ru/2010/12/08/36449745.html
Ecouter aussi
http://www.youtube.com/watch?v=VzD63913NRY
Face B :
http://www.youtube.com/watch?v=pnFaYhf1qu8
Chiron
8.12.2010, 16:08
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Photo: RIA Novosti
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